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arrivee nicolas martin OCC

OCC 2014

Orsières-Champex-Chamonix, c’est la nouvelle course de cette semaine de l’UTMB ! C’est un format plus abordable et le seul qui ne fait pas partie du domaine de l’ultra. Malgré tout, c’est loin d’être une rando familiale, il y a 52 kilomètres agrémentés de 3200 mètres de dénivelé positif.

Je n’avais pas prévu l’OCC à mon programme 2014 puis en cours de saison, on a jugé opportun d’inclure cette épreuve à mon calendrier. Ce ne fût pas simple d’avoir un dossard car ici, à Chamonix, tout est parfaitement orchestré. Heureusement, mon classement ITRA m’a fallu un dossard et j’espère faire honneur à ce numéro 8002 !

Habituellement, je ne ressens pas de pression particulière à l’approche du départ mais aujourd’hui, je suis tendu. Un mélange d’excitation et de tension que je n’ai pas souvent connu. Je me sais en forme ascendante. Ma saison est pour le moment quelconque et j’ai une vraie chance de réaliser un beau résultat. Malgré un statut de favori, je me refuse à assumer le début de course. Je suis à l’avant du peloton sur les premiers hectomètres puis je recule légèrement. La sortie d’Orsières se passe vite puis on attaque les premières pentes à travers des petits villages. Rapidement, les positions prennent formes. Roland Claverie part vite comme à son habitude et il est vite rejoint par Marc Pinsach. Cet espagnol est l’adversaire le plus dangereux du jour et il semble très à l’aise en montée.  Je m’économise et marche dès que la pente est raide. Le duo prend de l’avance mais je sais que le chemin est long. La montée sur Champex est sévère sur le bas puis se calme sur le haut. Je rejoins Champex en 40’ dans le timing prévu. Je suis en 3ème position à 1’30 de la tête. Je me ravitaille en vitesse puis je repars à un bon rythme le long du lac. Pendant plusieurs kilomètres, il me semble maintenir un tempo assez soutenu.

1h00 de course et un peu plus de 12 kilomètres avalés, c’est tout de même parti vite. Juste avant d’attaquer l’ascension de Bovine, 2 coureurs me rejoignent. On ne reste pas longtemps ensemble puisque je me détache dès les premières pentes. Malgré tout, les sensations sont poussives, j’ai l’impression de ne pas grimper très vite. Impossible de maintenir une petite foulée comme lorsque je suis dans un bon jour. Le doute ne s’installe pas encore mais je ne suis pas très serein. Je trottine sur le haut de cette ascension et je pointe le leader espagnol à 3’10. L’écart se creuse et à ce moment-là, je ne peux pas hausser le rythme. Je bascule puis j’attaque cette première longue descente du parcours. Un passage rapide par la Giète puis le parcours passe au col de la Forclaz. Un rapide coup d’œil et je vois la prochaine difficulté face à moi. Sauf qu’il faut continuer à descendre jusqu’à Trient avant de reprendre 800 m de D+. J’essaye de rester relâché dans cette partie terminale de la descente qui est raide. Je débouche au ravito de Trient avec un retard stabilisé de 3’. Je rentre dans la tente du ravito où Yoan m’attend. Je bois 300 ml de boisson énergétique pendant qu’il change mes bidons et me donne mes gels. Il me glisse aussi cette phrase « Maintenant, il y a 800 de D+, c’est maintenant que ça se joue »

Je ressors avec le moral gonflé à bloc et j’attaque la piste à bon rythme. Lorsqu’on quitte cette piste, la pente s’accentue et la même histoire recommence. Impossible d’installer durablement la petite foulée. C’est alternance marche rapide/course. Dans ma tête, je me dis, à cet instant, «  l’UTMB quand tu passes à cet endroit, ça ne doit pas vraiment faire rire. » Je doute de mon efficacité jusqu’à ce que j’aperçoive Roland. Je reviens progressivement puis en sortant de la forêt, Marc n’est pas très loin lui aussi. Je prends un point de repère et je passe avec 2’ de retard. Je m’approche du sommet et comme la pente est moins ardue, je reprends une allure plus rapide. J’aperçois le sommet et je ne vois pas le premier. Petit moment de doute, je me dis, « c’est impossible qu’il est repris autant de temps. ».  En fait, le sentier passe un petit vallon et Marc est juste devant à 20 secondes. On atteint le pointage de Catogne et je prends la tête dès la sortie. Avant la course, j’avais un schéma clair, temporiser jusqu’à Trient, revenir dans la montée des Tseppes puis durcir le train à Vallorcine. Pour le moment, c’est le schéma idéal. La descente jusqu’à Vallorcine est longue et je commence à avoir quelques débuts de crampes. Malgré tout, j’ai creusé l’écart sur Marc. Vallorcine est en vue et le ravito va être important. Je respire quelques secondes, je bois 300 mL de boisson et Yoan m’équipe pour le final. Il me dit qu’aujourd’hui, la victoire est pour moi. Je le sais autant que lui mais il reste du chemin. Autant jusqu’à Vallorcine, je ne connaissais pas le parcours mais désormais, j’ai déjà parcouru chaque mètre du parcours. Normalement, c’est dans le sens inverse pour le col des Montets mais aujourd’hui, il faut grimper. Je sors vite du ravito et je fais l’effort jusqu’aux Montets. Si j’avale cette partie de façon efficace, je peux consolider de façon quasi définitive ma position. Les jambes sont bonnes et au col, je suis confiant. Dans ma tête, je sais que j’ai creusé l’écart.

J’attaque l’ultime difficulté en direction de la Flégère. C’est une ascension en deux parties. D’abord, 250 m de D+ puis une descente technique. Ensuite, il reste 400 m de D+ pour atteindre la Flégère. Il y a 2 mois, j’ai déjà couru au même endroit avec un dossard sur le marathon du Mont Blanc. C’est presque la même chose sauf qu’aujourd’hui, il fait beau et il y a plus de randonneurs. Heureusement que j’en dépasse quelques uns pour casser la monotonie. La montée me parait toujours aussi longue. Un jour, j’essaierai en n’ayant pas couru au moins 2h30 avant !  Enfin, je sors de la forêt et je sais qu’il ne reste plus que 150 m de D+. J’avais peur du cagnard mais en réalité, il y a un petit air frais qui s’avère très agréable. Je me retourne plusieurs fois et il n’y a toujours personne à l’horizon. Pour la première fois, je me dis « C’est bon, tu vas l’avoir cette victoire ! » Dernier ravito, je ne me presse pas et je reprends 600 mL d’eau.  Il reste encore une grosse demi-heure d’effort.

Le début de la descente est raide et j’ai un échauffement sous le talon gauche qui me gène. Je suis obligé de ne poser que l’avant pied et au bout de 40 kms, c’est un calvaire pour mes muscles. Je ne descends pas un rythme supersonique mais je ne veux pas prendre de risques. J’avale la partie technique puis je traverse la terrasse du chalet de la Loriaz. Je relance pour atteindre Chamonix au plus vite. Une petite photo avec une vache (un homme déguisé en vache) puis l’asphalte se présente sous mes pieds. Un petit détour pour rejoindre le torrent puis je comprends la ferveur de cette semaine de trail. Il y a un monde fou. Je garde un bon rythme puis je ralentis pour profiter des 500 derniers mètres. Plus la ligne s’approche et plus la foule est dense. C’est un magnifique moment. Je tape dans les mains des spectateurs. Enfin, je vais gagner sur une course médiatique. L’émotion n’est pas aussi grande qu’en 2012 sur les Templiers car les conséquences ne sont pas les mêmes. Qu’importe, je suis le premier vainqueur de l’OCC en 5h07’45. Je passe la ligne puis je retourne en arrière pour taper dans les mains des spectateurs. Gagner une course à Chamonix, c’est l’assurance d’avoir quelques frissons sur la ligne.

C’est aussi une belle récompense de ses quatre années d’investissement auprès de mon coach qui est devenu un ami Patrick Bringer. Je souffre toute l’année enfin souvent, à l’entrainement, pour vivre ce genre de moments. Je vais encore souffrir la semaine prochaine pour essayer de revivre la même chose lors des championnats de France fin septembre. En attendant, pour un jour, je suis passé du statut de « coureur régulier à celui de vainqueur ». Même si le plateau n’était pas celui de la CCC , de l’UTMB ou d’autres courses de ma saison, ce jeudi 28 août 2014 restera un beau moment de ma carrière sportive.

Le lendemain, c’est au tour d’Anthony de nous offrir un beau moment de sport. Après 11h52 d’effort que j’ai vécu de l’autre côté de la barrière, il franchit la ligne en 3ème position de cette CCC 2014. C’est son petit moment de gloire en communion avec le public. Il le mérite car il a fait le job toute la saison pour s’offrir ce podium. C’était la première du team sur les courses de l’UTMB et nos 2 coureurs finissent sur un podium, c’est magique. Yoan, le team manager, est heureux et je le remercie de son investissement sur ces 2 jours et sur le reste de l’année. Merci Yo de nous mettre dans ces conditions pour performer.

A bientôt sur les sentiers,

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